En ce début d’année 2017, j’ai eu l’opportunité de faire un remplacement au sein d’une association de Solidarité Femmes. Il m’a semblé intéressant de faire un article évoquant les violences familiales et conjugales et de vous apporter des éléments concrets.

Que l’on soit concerné de près ou simple témoin, j’espère que cet article vous donnera quelques pistes pour vous en sortir ou aider un proche !

 

 

C’est dans les années 70 que plusieurs petites associations issues du mouvement féministes se sont regroupées pour fonder la Fédération Nationale Solidarité Femmes. A ce jour, plus de 67 associations ont rejoint le réseau, dispersées sur tout le territoire français. Même si ces associations font parties de la FNSF, il n’en est pas moins qu’elles fonctionnent toutes de manière indépendante et n’ont pas toutes le même fonctionnement. Néanmoins, une chose fondamentale les rassemble: dénoncer les violences qui s’exercent à l’encontre des femmes.

 

La violence

De par mon expérience, j’ai pu observer que bons nombres de femmes osaient franchir le seuil de notre porte à partir du moment où les violences devenaient physiques et qu’elles avaient lieu devant les enfants (ou sur les enfants). Ces femmes devaient sûrement se sentir plus légitimes de venir se présenter à nous et demander de l’aide une fois cette limite franchie. Mais la violence se résume-t-elle uniquement à de la violence physique ?

Violence: geste, parole, attitude exprimés avec une force intense, extrême, brutale et produisant un effet de peur et de crainte.

 

Toute action dont l’intentionnalité est malveillante (dominer quelqu’un, s’en débarrasser, etc) et porte atteinte, par sa répétition ou sa gravité, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne. – Association Option

La violence verbale, celle qui peut s’entendre : injures, paroles insultantes, moqueries, hurlements, tons de voix menaçant…

La violence psychologique, la plus insidieuse : insultes, humiliations, dénigrement, ignorance, critiques, chantage affectif, harcèlement, menaces, isolement … qui engendrent notamment un sentiment d’incompétence / de nullité.

La violence physique, celle qui laisse des traces : coups répétés, bousculades, gifles, destruction de biens matériels, torture, séquestration, privation de nourriture et/ou de sommeil, étranglement, griffures, brûlures… allant jusqu’à la tentative de meurtre ou l’esclavagisme.

La violence économique ou administrative : contrôle des dépenses, confiscation de moyen de paiement, ouverture du courrier qui ne lui est pas destiné, destruction de papier administratif, contrôle des comptes bancaires, interdiction de travailler…

La violence sexuelle, la plus taboue : viols conjugaux (que se soit des relations sexuelles imposées donc sans consentement ou des rapports acceptés sous contrainte / menace / pression (comme « le devoir conjugal ») ou pour calmer la violence de son partenaire), agressions sexuelles, prostitution, avortement.

 

 

Généralement, la chronologie « classique » des différents types de violences ressemble à ceci:
Arrive dans un premier temps la violence psychologique puis verbale. Arrive ensuite la violence physique et/ou sexuelle. Et enfin, la violence économique et administrative.

Toutes ces formes de violences sont illégales et ne doivent pas être normalisées.

 

1 femme sur 10 est concernée, alors que faire ?

Dans un premier temps, sortir du silence. Pour cela, vous pouvez appeler le 3919 ou prendre contact avec une des associations de la FNSF. Vous pouvez être reçu pour vous ou un proche lors des « permanences sans RDV de l’accueil de jour » par un travailleur social. Cette première rencontre permet d’exposer votre situation à un professionnel qui vous écoutera avec bienveillance, d’évaluer la dangerosité des violences et de répondre à vos attentes en vous apportant un maximum de renseignements.

Lors de cette première écoute totalement gratuite et confidentielle, le professionnel va prendre le temps de vous présenter l’association et son fonctionnement. Certaines associations peuvent vous proposer un suivi psychologique avec un psychologue si vous désirez avoir un espace de parole, un moment pour souffler et une occasion de mettre du sens sur ce que vous traversez. Certaines encore disposent de groupe de parole, proposent des cours de self-défense ou collaborent avec des art-thérapeutes.


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En revanche, toutes les associations de la FNSF proposent différents types d’hébergements temporaires (pour vous et vos enfants). Outre le 115 qui offre des hébergements d’urgence, les associations possèdent également des logements qu’ils peuvent mettre à disposition (dans la limite des places restantes) si un départ est envisagé. De plus, si les violences sont très inquiétantes, une mise en sécurité est possible: l’association va s’adresser à tout son réseau pour vous faire quitter le département et vous mettre à l’abri. Et j’ajouterai que l’ensemble des associations de la FNSF peuvent vous proposer un accompagnement social (logement, santé, droit, …).

 

Dans son souhait de veiller à votre protection et de rassembler des éléments à charge, l’association va également vous parler de:

  • Établir un certificat médical. Les violences subies ne sont pas sans conséquences, elles laissent des traumatismes physiques et psychologiques. Il est important d’aller les faire constater par un médecin (généraliste ou de la médecine légale) qui pourra par la suite vous établir un certificat médical accompagné d’une Incapacité Totale de Travail (ITT) selon la gravité des faits.
  • Informer les proches et recueillir des témoignages. Même si la majorité des violences se déroulent à l’abri des regards indiscrets, il est possible qu’une voisine, un collègue ou un proche ait vu, entendu ou  encore constaté des faits / des conséquences de violences. Ils peuvent alors vous apporter leur soutien en faisant un témoignage écrit, daté, signé et en joignant la photocopie d’une pièce d’identité.
  • Porter plainte ou déposer une mainte courante dans un commissariat ou une gendarmerie. Dans la plupart des cas, une main courante ne donne pas suite à une enquête ou à des  poursuites pénales (contrairement à la plainte) mais elle permet de retracer l’historique des violences en signalant les faits. Il est là aussi très important d’être reçu de la manière la plus bienveillante possible, c’est pourquoi il est possible de prendre contact au préalable avec une assistante sociale de la gendarmerie ou de la police, qui saura vous conseiller dans vos démarches et vous orienter vers des collègues sensibilisés à cette problématique.
  • Contacter un avocat pour des poursuites pénales ou des procédures civiles (séparation, divorce, indemnisation, garde des enfants, ordonnance de protection, injonction d’éloignement, d’éviction du conjoint). Vous pouvez tout aussi bien dans un premier temps vous adresser à un juriste présent dans un Centre d’Information du Droit des Femmes et de la Famille (CIDFF) de votre région pour faire un point juridique.

Toutes ces démarches vous permettent d’accumuler des preuves de violence subies et de préparer un éventuel départ.

 

 

Quitter son conjoint ou une famille violente n’est pas chose facile. Il faut parfois du temps, partir puis revenir pour ensuite prendre la décision qui vous conviendra.

 

Le départ

Nous savons que les violences s’accentuent considérablement lors d’une séparation, donc un départ se prépare consciencieusement !

  • Vous pouvez apprendre d’ores et déjà avec vos enfants les numéros d’urgence par cœur pour votre sécurité et disposer des téléphones à des endroits stratégiques.
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  • Vous pouvez aussi convenir d’un code de communication avec une personne de confiance. En cas de danger, elle pourra intervenir !
  • Vous pouvez également mettre en lieu sûr tous vos documents importants: diplômes, certificats médicaux, témoignages, photographies des traumatismes physiques, papiers bancaires / d’avocats, carnet de santé, carte vitale, livret de famille, carte d’identité, quittance de loyer, factures, carte grise, bulletins de salaire, etc…
  • Au moment de partir, n’oubliez pas de prendre avec vous du linge, de l’argent, un double des clés de la maison ou de la voiture.
  • Une fois votre mise en sécurité faite, il est conseillé de vous rendre au commissariat ou à la gendarmerie pour les informer de votre départ du domicile et de la présence de vos enfants s’ils sont à vos côtés.
  • Le départ du domicile conjugal signe bien souvent le début d’un divorce et un mode de garde pour les enfants sera à définir. Les procédures sont souvent longues et vous n’êtes légalement pas obligées de présenter vos enfants à votre ex-conjoint avant la procédure du Juge des Affaires Familiale (JAF). Mais si vous le désirez, sachez que pour votre sécurité et celle de vos enfants, il est possible de faire des passages de bras et des rencontres parents-enfants dans des organismes de médiation familiale.

 

INFO:  Si des enfants sont maltraités (témoins de violence conjugale ou violence directe) et qu’aucun des deux parents n’en comprend la gravité, contactez le 119 (Enfance en danger).

 



 

Dans cet article, j’ai uniquement évoqué des moyens d’action et de prévention contre les violences faites aux femmes. J’aborderai dans un prochain billet l’aspect plus psychologique des violences.

J’en oublie pas pour autant que les hommes, eux aussi, peuvent être victimes de violences conjugales. Cette violence, plus psychologique que physique, est très mal représentée par les statistiques. Les hommes en parlent moins, la dénoncent moins mais elle existe.

 


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