Il y a quelques mois de ça, à force de binge-watcher Enquête exclusive d’M6, j’ai eu envie de troquer ma casquette de psychologue pour celle de grand reporter de guerre. Que voulez-vous, les hormones de grossesse m’ont rendu mégalo. J’ai donc eu envie d’enquêter sur les dessous d’un dispositif révolutionnaire, MonSoutienPsy.
C’est en 2022 que, pour pallier au mal-être de plus en plus grandissant des Français, le gouvernement a mis en place un dispositif de prise en charge psychologique chez un psychologue en libéral. MonSoutienPsy permet donc à toute personne (dès trois ans) en souffrance psychologique de bénéficier de huit séances remboursées chez un psychologue. Le Graal !
Alors si l’on pouvait se réjouir de voir naître un tel dispositif, rendant la santé mentale accessible à tous, la réalité est tout autre. Il semble en effet que pas moins de 93% des psychologues refuseraient d’y participer. Une mobilisation sans précédent !
Au sein de la profession, une bataille fait rage depuis plusieurs mois et deux camps s’opposent : les pro-dispositif et les antis. Ces derniers se regroupent pour dénoncer les incohérences de ce dispositif, le jugeant maltraitant autant pour les professionnels que pour leurs patients. Ils appellent donc à un boycott total.
Mais qu’en est-il vraiment ? Est-il vrai que les séances durent trente minutes au lieu d’une heure, que l’intensité du mal-être éprouvé peut exclure toute personne de ce dispositif ou que les professionnels conventionnés sont ceux qui ont un agenda vide par incompétence ? C’est ce que j’ai cherché à comprendre.
Pour toi public, je suis donc partie à la rencontre de personnes ayant bénéficié de ce forfait psychologique, de psychologues conventionnés ainsi que de médecins adresseurs pour qu’ils me partagent leurs expériences.
Dans cet article, Margot, Marine, Camille, Flora et Aaliyah témoigneront de leur expérience en tant que patientes du dispositif MonSoutienPsy. Nous reprendrons ensemble point par point l’ensemble de leur parcours de soin. De quoi peut-être y voir plus clair !
LES MODALITÉS DE MONSOUTIENPSY
Pour se faire, reposons ensemble certaines bases ! À savoir, les modalités de ce dispositif de prise en charge psychologique.
La première étape du parcours est de prendre contact avec son médecin généraliste (ou gynécologue, sage-femme, médecin scolaire, etc) et de lui partager vos difficultés. À la suite de cette entrevue et de l’évaluation de la sévérité de vos troubles, vous pouvez obtenir (ou non) une prescription qui vous ouvre des droits à la psychothérapie auprès d’un psychologue libéral. Il vous suffira alors de contacter l’un des psychologues référencés dans l’annuaire du dispositif et de solliciter un RDV. MonSoutienPsy permet d’obtenir une consultation d’évaluation et sept séances de suivis remboursées.
Les séances sont prises en charge à hauteur de 60% par l’assurance maladie et de 40% par la mutuelle / la complémentaire santé ou aucune avance de frais selon les cas. Le psychologue est quant à lui payé 40 euros la première séance puis 30 euros les suivantes.
MES PRÉJUGÉS SUR MONSOUTIENPSY
Si je me mets à la place des usagers, toutes ces démarches me semblent relativement simples ! Je dois bien passer par le même processus pour accéder à un dermato alors, j’ai l’habitude. C’est qu’on serait à deux doigts de sauter dans les bras de Manu pour lui témoigner notre reconnaissance. Parce qu’enfin, la santé mentale est considérée !
Sauf qu’en tant que psy, je boycotte MonSoutienPsy. Je considère effectivement que ce dispositif est encore trop inabouti pour être proposé en état aux patients et qu’il est un prétexte pour abandonner encore plus les structures publiques. C’est le fameux « oui, maiiiiis » qu’on déteste tant.
En réalité, j’estime qu’avec des critères d’inclusion/d’exclusion aussi rigides pour pouvoir bénéficier de ce dispositif (troubles légers/modérés uniquement, pas de traitement,…), environ 90% des personnes en souffrance ne devraient pas réussir à obtenir une prescription de la part de leur médecin. Je crains également qu’en étant payé trente euros la séance au lieu de soixante, le psy proposera des séances de plutôt trente minutes au lieu d’une heure. Mais aussi qu’avec un nombre de séances limités à huit, l’efficacité de cette « thérapie » me paraît compromise.
Ainsi, la difficulté à se confier à un médecin (ou a en trouver un disponible), l’évaluation trop stricte de l’intensité des troubles, la durée/le nombre de séances très restrictif me semble être des obstacles considérables pour qu’un bénéficiaire puisse être satisfait de cet accompagnement. Ce qui est franchement dommage, à mon sens.
Néanmoins, il s’agit ici de MES préjugés sur la question. Mais sont-ils fondés ? C’est ce qu’on va chercher à savoir dans cet article.
TÉMOIGNAGES PATIENTS
ÉTAPE 1: RDV médical pour une prescription de psychothérapie
C’est à la radio que Margot a entendu pour la première fois parler de MonSoutienPsy. Fatiguée de chercher sans trouver une structure pouvant l’accueillir à moindres frais et sans délais d’attente à rallonge, elle s’intéressa à ce dispositif. Piocher un médecin généraliste sur Doctolib, obtenir une prescription, choisir un psy partenaire à l’aide de l’annuaire dédié, lui semblait plutôt simple comme démarche. Et c’est ainsi que débuta son expérience.
Le vécu de Margot est loin d’être un cas isolé puisque la difficulté à identifier les structures publiques, les délais d’attente très longs et l’impact financier d’une thérapie en libéral sont les trois aspects qui reviennent le plus souvent dans mes rencontres. Mais pas seulement ! Pour d’autres jeunes femmes, c’est plutôt la mauvaise réputation des structures publiques ou une expérience négative dans l’une d’elles qui les ont motivé à passer par une autre voie.
Tout comme Margot, Camille a commencé son expérience par un RDV en visio avec un médecin généraliste qu’elle ne connaissait pas et n’a éprouvé aucune difficulté à obtenir cette prescription pour débuter sa thérapie.
Ce constat est assez unanime chez les cinq patientes que j’interroge. Toutes ont pu bénéficier d’un adressage avec une simple demande ou une rapide évaluation des troubles psychologiques rencontrés lors de leurs RDV avec un médecin. Seule l’une d’entre elles me confiera avec honnêteté que si ce dernier l’avait questionné davantage, elle n’aurait pas eu le droit de bénéficier de cette prise en charge. Une chance selon elle puisque la sévérité de ses troubles l’excluait d’office du dispositif qui normalement permet l’accès à une psychothérapie quand ceux-ci sont uniquement d’intensité légère à modérée.
ÉTAPE 2: contacter et rencontrer un psychologue de MonSoutienPsy
Une fois la lettre d’adressage établie par le médecin, toutes prennent contact avec des psychologues conventionnés répertoriés sur l’annuaire dédié au dispositif. Pour beaucoup d’entre elles, il sera nécessaire d’en appeler plusieurs de la liste avant d’obtenir un premier RDV.
Méthodique, Margot avait pris le temps de mener à bien des recherches sur les professionnels conventionnés avant toute prise de contact. De ces investigations, elle identifia trois psychologues pouvant lui convenir, en se fiant aux avis Google favorables. Malheureusement, aucun d’entre eux n’a pu l’accompagner dans sa demande du fait d’agenda déjà complet. Résignée, Margot a dû sélectionner un professionnel de la liste « par hasard ». Pour certaines en revanche, le processus a été plus fluide.
Toutes entament donc leurs premières séances. Au contact de sa psychologue, Margot se sent en confiance mais constate avec regret qu’elle stagne dans ses difficultés. C’est au bout de plusieurs RDV qu’elle réalise que l’approche thérapeutique proposée par sa psy ne correspondait pas à ses attentes. Se sentant coincée, elle n’a cependant pas pu en changer du fait du nombre de séances limitées déjà consommées.
De par son expérience, Margot soulève un sujet essentiel pour le bon déroulé d’une prise en charge psychologique : le choix de son thérapeute. En effet, chaque psychologue est unique puisqu’il est libre de ses outils thérapeutiques et qu’il travaille avec sa propre personnalité. Il est donc parfois nécessaire d’en rencontrer plusieurs avant de trouver celui avec qui le feeling passe bien et qui a l’approche clinique adaptée aux difficultés vécues. Il serait en effet illusoire de penser que tous les psychologues sont similaires (dans leur approche relationnelle ou clinique) et qu’ils appliquent le même « protocole thérapeutique » pour tous leurs patients comme un mécanicien.
Le choix du psy est donc un élément central et ça, Marine l’avait bien compris. Contrairement aux autres, Marine était déjà suivie par une professionnelle quand elle a obtenu une prescription thérapeutique de la part de son médecin. Déjà satisfaite de sa prise en charge psychologique mise en place depuis de nombreux mois, elle désirait simplement pouvoir bénéficier de quelques séances remboursées. Malheureusement, n’étant pas partenaire du dispositif, sa psychologue ne pouvait plus la recevoir dans ce contexte. Ne voulant pas « tout recommencer » avec une autre personne, Marine n’ira pas plus loin dans le parcours du dispositif gouvernemental. Une déception d’après elle. Elle me confiera d’ailleurs une idée, celle de « choisir nos psys quitte à ce que le patient participe avec un dépassement d’honoraire« .
De l’expérience de Margot et de Marine, nous pouvons retenir qu’un nombre limités de professionnels conventionnés ainsi que leur manque de disponibilité peuvent être des freins dans le choix de son psy. Ce qui peut conduire à quelques questionnements sur l’efficacité de la thérapie entreprise par la suite.
ÉTAPE 3: le déroulé des séances
À l’exception donc de l’une d’elles, les quatre autres jeunes femmes entament leurs séances chez un psychologue conventionné de leur région.
Flora par exemple, a pu utiliser l’intégralité de son forfait de huit séances de trente minutes. De cette expérience, elle pourra m’en dire que si le nombre de nombre de séances était suffisant compte tenu de ses objectifs, elle a estimé que la durée ainsi que l’avancement des frais devraient être des points à améliorer. Quant à d’autres, la totalité des séances n’auront pas suffi pour tout traiter. Frustrées de ne pas pouvoir poursuivre leurs thérapies à cause de soucis financiers (les séances suivantes seront au tarif hors dispositif), elles souligneront tout de même l’importance qu’un tel dispositif existe.
De son côté, Aaliyah a pu obtenir seize séances de quarante cinq minutes avec sa psychologue dans le cadre du dispositif MonSoutienPsy. La prescription thérapeutique étant renouvelable chaque année auprès d’un médecin, elle a pu étaler huit séances en fin d’année 2022 et huit autres début d’année 2023. Une fois son forfait annuel épuisé, elle a pu continuer sa prise en charge auprès de sa psy qui proposait des tarifs étudiants (hors dispositif). Satisfaite de son expérience, Aaliyah pointera tout de même deux points à améliorer : le nombre limité de séances proposé par MonSoutienPsy ainsi que le passage obligatoire devant un médecin qui « juge du mérite » de recevoir l’aide demandée.
À travers tous ces témoignages, nous pouvons comprendre que bien que le nombre de séances soit fixé à huit (par an), leurs durées ainsi que l’approche thérapeutique utilisée sont quant à elles au bon vouloir du professionnel rencontré. Cela rend ainsi chaque expérience unique, même au sein d’un dispositif encadré.
Il est également à souligner que huit séances peuvent être suffisantes lorsque les difficultés sont modérées mais que ce forfait est trop faible quand il s’agit de traiter des problématiques plus complexes. Ce constat est cohérent puisque ce dispositif devait initialement être uniquement proposé pour soulager des troubles mineurs. Les difficultés plus lourdes devaient, quant à elles, être prises en charge par des psychiatres ou des structures spécifiques. Cependant, certains témoignages nous démontrent bien que l’évaluation et l’orientation ne sont parfois pas toujours respectées.
Retrouvez les témoignages dans leur intégralité ici
CONCLUSION
À travers ces témoignages riches en informations, j’ai pu confronter certains de mes préjugés à la réalité. Je constate que la sévérité des troubles n’est pas forcément un frein à l’accès au dispositif, que les séances peuvent durer entre trente minutes et une heure selon le professionnel choisi et qu’il est possible de renouveler l’expérience chaque année permettant ainsi de rallonger la prise en charge. Il est aussi intéressant de souligner que selon certains critères (les secteurs géographiques, au quota de créneaux ouverts aux patients du dispositif, etc.), l’accès à un psychologue conventionné disponible est facilité ou compliqué.
C’est sans grande surprise que j’observe également que ce dispositif répond à une demande très forte de prise en charge de la santé mentale. Des cinq jeunes femmes interrogées lors de mon enquête, toutes s’accordent pour dire qu’elles sont contentes de cette expérience. Que la prise en charge ait été concluante ou non, toutes soulignent l’importance de faciliter l’accès au psychologue.
Pour Margot, ce dispositif permet de mettre le pied à l’étrier quand aller voir un psychologue est encore trop cher. C’est également l’occasion de tester une ou plusieurs relations thérapeutiques sans débourser de sa poche directement, selon Aaliyah. Marine quant à elle, y voit aussi une certaine sécurité. Elle me dira que « démocratiser les RDV chez un psychologue (titre protégé) est très important compte tenu de l’émergence de dérives sectaires pouvant être dangereuses pour des personnes vulnérables« .
MonSoutienPsy n’étant pas encore parfait, toutes proposent des axes d’amélioration. Certaines questionneront l’intérêt du RDV médical obligatoire, les critères d’attributions trop restrictifs et le choix limité de psychologues partenaires quand d’autres souligneront l’intérêt d’augmenter le nombre de séances remboursées ainsi que la durée des consultations.
De mon enquête, je retiens des éléments de réponses mais aussi l’émergence d’autres questionnements. Dans un prochain article, je vous partagerai cette fois-ci les témoignages de psychologues conventionnés qui ont eu le courage de me partager leurs expériences et de leur pratique au sein du dispositif MonSoutienPsy.
Vous souhaitez entamer une psychothérapie mais vous manquez de moyen ?
- Identifiez les structures publiques/associations proches de vous et contactez les. Pour vous aider dans cette démarche, je vous propose une liste ici et des astuces là.
- Si cela ne convient pas, sollicitez des psychologues libéraux et questionnez votre mutuelle pour voir si elle rembourse quelques séances de psychothérapie. Autorisez vous également à demander aux psychologues s’ils pratiquent des tarifs adaptés à votre situation (chômage, étudiants, etc.). Beaucoup le font mais ne le mettent pas forcément en avant sur leur profil Doctolib/site internet.
- Ils sont rares mais ils existent (si, si) : les psychiatres psychothérapeutes. À la fois médecins et thérapeutes, ils peuvent proposer des accompagnements psychologiques remboursés. Mais encore faut-il les débusquer !
- Et si tout ceci ne suffit pas, tournez vous vers MonSoutienPsy et contactez un psychologue conventionné. Renseignez vous en amont sur sa disponibilité, l’approche thérapeutique proposée (TCC, psychanalyse, etc.) ainsi que sur la durée des séances afin de maximiser vos chances de bénéficier d’un espace de parole satisfaisant.
Hey ! Je suis aussi sur Instagram
Vous savez, ce réseau envahi par le dropshipping et où des influenceurs/euses partagent leurs corps photoshopés avec le hashtag #bodypositive
Et ben il s’y passe aussi des trucs cools. Et comme je suis une une bloggeuse cool, j’ai un compte Instagram 😎
Vous n’y verrez pas mes fesses potelée sur une plage aux Maldives, mais des conseils, décryptages de l’actu psycho, infos pratiques, coups de gueule… (et, j’avoue, peut-être mon chat une fois de temps en temps 😏 )
Alors, n’hésitez pas à y faire un tour et à vous abonner si le cœur vous en dit !
Il est fascinant de voir comment un simple visionnage de télévision peut inspirer des aspirations aussi radicales ! Votre transition potentielle de psychologue à grand reporter de guerre, motivée par les ravages des hormones de grossesse, semble être un voyage audacieux dans le monde de l’investigation journalistique.
Votre désir d’enquêter sur MonSoutienPsy, un dispositif de prise en charge psychologique lancé en 2022 par le gouvernement français pour répondre au mal-être croissant de la population, dénote un engagement profond envers les questions de santé mentale et d’accès aux soins psychologiques.
Le constat selon lequel 93% des psychologues refuseraient de participer à ce programme est étonnant et soulève des questions cruciales sur son efficacité et sa viabilité. Cette mobilisation massive au sein de la profession révèle des préoccupations sérieuses et souligne une division profonde entre les partisans et les opposants au dispositif.
Les arguments des opposants, qui dénoncent les incohérences et les aspects maltraitants du programme à la fois pour les professionnels et les patients, soulignent l’importance d’une réflexion approfondie sur la manière dont les services de santé mentale sont structurés et offerts à la population.
Votre désir de plonger au cœur de cette bataille en tant que grand reporter de guerre est admirable, et votre investigation promet d’apporter un éclairage précieux sur les enjeux complexes entourant MonSoutienPsy et la santé mentale en général dans notre société.
J’adooore, quand des hommes comme vous, dignes d’être au minimum, « un homme, un vrai », références à Causette, instrumentalisent, le fait, qu’une femme, soit enceinte, pour la soupçonner, de n’être, qu’un organe reproducteur, et donc, incapable de penser…
Je suis ménopausée, pensez vous, qu’à ce titre, je serai digne, ou pas, de prétendre discourir sur ce sujet ?
Pauvre homme…
Savez vous que dans la salle d’attente d’un psy, 80%, sont des femmes, parce que ce sont les seules quasiment, à avoir l’humilité, de reconnaitre qu’elles ont besoin d’aide…
Une humilité qui visiblement, se trouve aux antipodes de votre position, en tout cas.
Votre macronisme, pourtant mal en point, aux dernières nouvelles vous font choper le melon, vous gagneriez, pourtant, à apprendre de nous…
n’avez vous donc pas remarqué, que sur les testeuses, du dispositif, il n’y a aucun homme ?