Sujet sensible pour les uns, facile pour les autres, nous allons aborder aujourd’hui le thème de la demande ! Vous le savez maintenant, depuis quelques mois, les articles de La Parenthèse Psy s’intéressent spécifiquement à l’affirmation de soi. Ainsi, oser dire non et formuler une demande en font partie.

« Hé m’selle t’es charmante, t’aurais pas un 06 ? »

Roger, 22 ans, confond l’espace public avec Tinder.

Cette demande est impressionnante, n’est-ce pas ? Bien que cette technique soit aussi audacieuse que suicidaire, elle n’est pas la plus recommandée. Cependant, cette tentative mérite tout de même de retenir un peu notre attention. Dans cette demande, il y a effectivement du bon (si on creuse) et du moins bon (ça, c’est évident). Nous allons donc regarder un peu tout ça en détail !


A lire au préalable:
L’affirmation de soi.
Apprendre à s’affirmer, les bases.
Oser dire non et rester cool !


CE QUI FREINE LA DEMANDE

Dans un premier temps, nous allons voir pourquoi il est parfois si difficile de formuler une demande simple, claire et précise. Qu’est-ce qui complexifie la situation ?

La méconnaissance de ses droits:

Comme nous l’avons vu dans un précédent article, chaque individu possède des droits. Il y en a environ une dizaine et ceux qui nous intéressent aujourd’hui sont:

  • Le droit de demander ce qu’on désire.
  • Le droit de demander davantage d’informations. 

Tout le monde a donc le droit de formuler une demande à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Ça, c’est la base. Et Roger, lui, il l’a bien compris.

Les pensées parasites:

Pourtant, même en connaissant parfaitement vos droits sur le bout des doigts, vous pouvez faire le constat que demander quelque chose n’est pourtant pas si facile (sauf pour Roger). Alors pourquoi ? J’ai tenté de rassembler quelques pensées qui peuvent venir s’incruster dans votre cerveau au moment d’envisager de faire une demande.

Top liste des pensées inhibitrices de demande:

  • « Ça ne sert à rien que je demande, ça sera toujours non t’façon ».
  • « Je dois obtenir ce que je demande »
  • « Pourquoi demander ? Ce que je désire est tellement évident que Machin-Truc va bien le deviner« .
  • « Ma demande va le déranger« .
  • « Je dois me débrouiller seul ».
  • « Ça serait très impoli de lui demander ça et d’insister ».
  • « Si je lui demande ça, c’est que j’impose mon désir. Ce n’est pas respectueux ».

On voit bien qu’avant même de tenter quoique ce soit, vos pensées négatives vous paralysent et sabotent l’action. Votre tête vous affirme donc qu’il ne sert à rien de formuler une demande puisque la réponse sera toujours un refus ou que votre interlocuteur doit deviner vos besoins et y répondre par anticipation. Mais on remarque également que ce qui freine la demande, c’est la peur. La peur de déranger, la peur d’être jugé, la peur de mal faire, la peur d’écraser autrui, etc. Alors, comment s’en sortir ?

femme qui doute

APPRENDRE À FORMULER UNE DEMANDE

Dans cette seconde partie, il sera question de vous outiller pour apprendre progressivement à formuler une demande, sans stress excessif. Pour cela, il vous faudra dans un premier temps transformer vos pensées parasites en pensées plus adaptées puis dans un deuxième temps formuler une demande grâce à une méthode bien particulière !

Modifier les pensées parasites:

  • « Ça ne sert à rien que je demande, ça sera toujours non t’façon ».

Vous ne pouvez pas en avoir la certitude avant d’avoir demandé ! Mais c’est certain qu’en ne demandant pas, vous n’aurez pas. Mais si vous prenez le risque de formuler une demande, vous aurez alors une chance sur deux d’être surpris. C’est déjà ça !

  • « Je dois obtenir ce que je demande »

Si nous reprenons la liste des droits des individus, il est stipulé que nous sommes égaux en droits. Ainsi, vous avez le droit de formuler une demande, votre interlocuteur a le droit de l’accepter, de la refuser ou de la négocier.

  • « Pourquoi demander ? Ce que je désire est tellement évident que Machin-Truc va bien le deviner ».

Vous ne pouvez pas missionner autrui de deviner et anticiper vos besoins. Déjà parce que votre interlocuteur n’est pas télépathe et surtout parce que sur le long terme, vous allez être très frustré de ne jamais obtenir ce que vous désirez. C’est une stratégie inefficace.

  • « Ma demande va le déranger » / « Si je lui demande ça, c’est que j’impose mon désir et ce n’est pas respectueux ».

Rappelez-vous la liste des droits des individus ! Vous avez le droit de demander quelque chose et votre interlocuteur aussi. Vous avez le droit de dire oui/non et lui aussi. Donc tant que vous laissez l’autre libre dans sa réponse, il y a du respect mutuel et de l’égalité.

  • « Je dois me débrouiller seul ».

Ah ? Faire preuve d’autonomie est très appréciable, mais parfois, travailler en équipe et partager les connaissances est très utile. De plus, vous ne pouvez pas tout savoir, demander conseil est pratique et votre interlocuteur sera flatté de vous aider.

  • « Ça serait très impoli de lui demander ça et d’insister ».

Certaines personnes évitent de répondre clairement aux questions (eux aussi, ils manquent d’affirmation) donc vous avez le droit d’insister un peu afin d’obtenir une réponse claire.


A lire aussi: Comment contrôler nos pensées négatives ?


Formuler une demande:

Maintenant que vous avez réussi à critiquer et nuancer votre monologue intérieur, nous allons pouvoir nous attaquer au vif du sujet ! Et pour cela, nous allons nous aider de la Méthode JEEPP et ses 5 étapes qui faciliteront la verbalisation de votre demande. Vous pouvez bien sûr mixer les étapes, il n’y a pas d’ordre précis.

1. J comme JE. Commencez toujours vos demandes par un « je », « j’aimerais », « je souhaite », etc.

2. E comme EMPATHIE. Tenez compte du ressenti de votre interlocuteur. « Je comprends que tu sois très pris en ce moment / j’imagine que tu es fatigué, mais j’aimerais… ».

3. E comme ÉMOTIONS. Partagez vos émotions. « Cela me soulagerait / je suis gêné de devoir te demander ça / Ça me ferait plaisir de, etc ».

4. P comme PRÉCIS. Soyez factuel et précis dans votre demande, ne tournez pas autour du pot et demandez ce que vous voulez. « J’aimerais organiser une soirée à la maison pour mon anniversaire / J’aimerais poser une semaine de vacances en décembre pour les fêtes de fin d’année ».

5. P comme PERSISTANCE. Si vous n’obtenez pas de réponse à votre demande, insistez en la répétant avec empathie. « Je comprends que cela vous pose problème, mais j’aimerais vraiment avoir une semaine de vacances en décembre ».

Une fois cette méthode bien intégrée, je vous conseille de vous entraîner, de vous entraîner et de vous entraîner. Je vous l’ai toujours dit, il n’y a pas de secret dans l’affirmation de soi, tout est une question d’apprentissage et d’expérience ! Commencez par des demandes simples puis lâchez-vous une fois plus aguerri.

femme ui pose une question

LES AVANTAGES DE LA DEMANDE

  • Il est mathématiquement prouvé que vous avez plus de chance d’obtenir ce que vous désirez en le demandant qu’en vous taisant. Si Roger met par exemple sur sa liste de Noël une « sacoche banane », il aura 50% de chance de l’obtenir et 50% de chance de ne pas l’avoir. Mais s’il ne l’inscrit pas sur sa liste, il aura 100% de chance de ne pas l’avoir. Convaincu ?
  • Le fait de verbaliser une demande fait qu’on a donc plus de chance d’obtenir ce que l’on souhaite. Ce qui réduit considérablement notre frustration quotidienne et également notre anxiété !
  • Ainsi, vous regagnez peu à peu un sentiment de satisfaction personnelle, de confiance en vous ! Vous devenez acteur de votre vie et reprenez le contrôle de la situation.

EN PRATIQUE…

Pour conclure cet article consacré à la demande, un peu de mise en pratique histoire d’illustrer tout ça ! Et pour cela, nous allons faire une bonne action et aider tous les Roger en quête d’amour.

Nous pouvons au préalable reconnaître que Roger est déjà quelqu’un de très motivé et qui a une bonne connaissance de ses droits. Comment pouvons-nous donc l’aider à améliorer sa technique d’approche avec la méthode JEEPP ? En rajoutant de l’empathie et de l’émotion.

Bonjour, Mademoiselle ! Je vois bien que vous êtes très occupée et je suis un peu gêné de vous déranger, mais je me demandais s’il était possible d’avoir votre numéro de téléphone.

Roger, 22 ans, respectueux.

Si la charmante demoiselle a potassé mon article sur le refus, peut-être qu’elle osera décliner cette avance. Auquel cas, Roger peut conclure l’échange par:

« Je comprends tout à fait que ma démarche puisse vous mettre mal à l’aise, mais j’aurais été triste de ne pas avoir osé vous le demander. Merci et bonne journée ! »

C’est magnifique ça, Roger ! Et qui sait, peut-être qu’en poursuivant ses efforts et en travaillant bien ses demandes, Roger aura plus de chances d’obtenir ce qu’il souhaite ? À méditer.

EN BREF

demander

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