Pour certains, dire « non » est quelque chose d’impossible. Je crois que pour ma part, c’était mon tout premier mot d’enfant. Et encore aujourd’hui, j’adore dire « non ». C’est donc avec grand plaisir que je rédige cet article !

non

« Non ». Trois lettres terrifiantes. Un petit mot pourtant bien difficile à prononcer. Et pourtant ! Dire « non » fait partie intégrante de l’affirmation de soi. Refuser une demande, c’est reprendre le contrôle, c’est s’affirmer. Et dire « non », ça s’apprend ! Du moins, ça se RÉapprend ! Puisque comme la plupart des enfants, vous aussi vous avez eu votre « phase du non » vers 2 ans (et vos parents s’en souviennent, eux). Alors bonne nouvelle ! Comme vous avez su le faire, c’est que vous êtes en capacité de le refaire. Allez, on se lance ?

CE QUI FREINE LE NON

Dans un premier temps, nous allons regarder ce qui fait obstacle au refus afin de comprendre un peu mieux la situation.

La méconnaissance de ses droits:

Développé dans l’article précédent (que vous avez lu assidûment bien sûr), l’un des grands principes de l’affirmation de soi repose sur le fait que chaque individu possède des droits nécessaires à son épanouissement et qu’il peut les défendre si ceux-ci sont égratignés. Généralement, la personne adoptant des comportements passifs va attribuer plus de droits aux autres qu’à elle-même.

Les individus ont le droit de:

  • Demander ce qu’ils désirent. 
  • Demander davantage d’informations. 
  • Prendre le temps de réfléchir avant de répondre. 
  • Dire “non” sans culpabiliser. 
  • Changer d’avis.
  • Avoir des limites.

Une personne avec des comportements passifs va donc accepter beaucoup (trop) de choses, sans prendre en compte ses limites, ne pas oser refuser des demandes par exemple, par méconnaissance de ses propres droits. En gros, la personne pense qu’elle n’a pas le droit de dire « non », ce qui est…faux !


À lire aussi: Apprendre à s’affirmer, les bases.


Les pensées parasites:

Mais ce qui freine également la verbalisation d’un refus, c’est la peur. La peur du jugement, la peur de la critique ou la peur des conséquences de ce « non ». Et cette peur va se manifester par des pensées intrusives négatives, bien souvent inhibitrices de comportements affirmés.

Par exemple, Machin Truc de la compta’ vous demande un service. Vous avez envie de refuser parce que vous êtes crevé. Cependant, avant même de verbaliser votre refus, votre cerveau va vous raconter n’importe quoi (un scénario bien catastrophique) et vous allez le croire. Vous allez donc ravaler votre « non » et accepter la demande de Machin Truc à contrecoeur. Les boules…

Ainsi, nos pensées viennent donc bien freiner notre affirmation par peur des conséquences que votre « non » pourrait engendrer.

Top-liste des pensées parasites et inhibitrices de refus:

  • « Si je dis non, je vais le blesser / le décevoir ».
  • « Si je décline, il va penser que je suis impoli / égoïste ».
  • « Je n’ai pas le droit de dire non ».
  • « Si je dis non, il va croire que je ne l’apprécie pas / que je cherche à l’embêter ».
  • « Si je refuse, je vais devoir me justifier et mon refus n’est pas légitime ».
  • « Lui dire non va provoquer une bouderie de sa part ou une dispute ».

Cette liste est bien évidement non exhaustive, mais si votre cerveau vous raconte des petites choses sympatoches comme ça, on peut comprendre pourquoi dire non peut s’avérer difficile. Mais ce n’est pas une fatalité !

apprendre à dire non

APPRENDRE À DIRE NON

Dans cette seconde partie, nous allons voir ensemble comment faire pour oser dire non et signifier un refus à votre interlocuteur sans stress.

Modifier vos pensées:

Premièrement, afin de faciliter votre refus, nous allons nous concentrer sur vos pensées dysfonctionnelles et proposer à votre cerveau des idées plus réalistes. Cette stratégie a pour objectif de modifier vos croyances limitantes et déclencher plus facilement un « non ».

  • « Si je dis non, je vais le blesser / le décevoir ».

Avez-vous des preuves que cela s’est déjà produit ? Comment peut-il réagir autrement ? EX: J’ai déjà vu une collègue lui refuser quelque chose et il n’a rien dit. Il peut peut-être comprendre. Lui aussi m’a déjà dit non et je n’ai pas été déçue par son comportement.

Je vous l’accorde, dire non ne sera jamais très agréable (ni pour vous ni pour votre interlocuteur) et peut entrainer de la contrariété. Néanmoins, exprimer son refus peut se faire avec respect, avec bienveillance et ne détruira pas la relation pour autant. Vous dites « non » à une demande, pas au lien ! Est-ce qu’un enfant cesse d’aimer son parent quand ce dernier lui refuse quelque chose ?

  • « Si je décline, il va penser que je suis impoli / égoïste ».

Hum, vous faites là de la lecture de pensée (c’est un biais cognitif) et vous n’êtes sûrement ni médium ni télépathe. Que peut-il penser d’autre ?

EX: Il peut peut-être penser que j’ai trop de travail. Il peut penser que je connais mes capacités et mes limites pour faire du bon boulot.

  • « Je n’ai pas le droit de dire non ».

C’est faux. S’il a le droit de vous formuler une demande, vous avez le droit de l’accepter, de la refuser ou de négocier.

  • « Si je refuse, je vais devoir me justifier et mon refus n’est pas légitime ».

Vous n’êtes pas obligé de vous justifier. Vous avez le droit de décliner une proposition sans développer vos arguments.

Pour résumer, pour vous aider à transformer vos idées, pensez à endosser le rôle de l’avocat du diable ! Cherchez les preuves et les arguements qui valident votre croyance. Puis trouvez les preuves et arguments qui prouvent que votre croyance est fausse. Ce petit exercice vous permettra d’apporter de la nuance aux pensées anxiogènes, de soulager votre mal-être émotionnel et d’oser plus facilement.


À lire aussi: Apprendre à contrôler nos pensées négatives


Les avantages du « non »:

Ce petit mot qui semble bien négatif et empreint d’inconvénients a pourtant des avantages. Et pas des moindres !

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  • Dire « non », c’est se respecter. En verbalisant votre refus, vous écoutez vos envies, vos besoins et vos limites. Vous prenez soin de vous et c’est essentiel.
  • En disant « non », vous reprenez le contrôle de votre vie et ne vous laissez pas déborder par les attentes d’autrui. Vous devenez acteur de votre vie et ne subissez plus.
  • Dire « non » montre que vos « oui » sont authentiques, ils gagnent en valeur. Ainsi, vous respectez votre interlocuteur. Bien souvent, un « non » sera plus constructif qu’un « oui » fait à contrecoeur qui engendrera de l’amertume.

Vous préférez avoir votre amie qui tire la tronche toute la soirée car elle n’a pas osé refuser votre invitation ou entendre son « non » ? Ça fait réfléchir… L’être humain cherche naturellement l’approbation d’autrui, mais dire « oui » à tout perd tout son sens.


À lire aussi: Comprendre l’affirmation de soi


Verbaliser le refus:

Ensuite, une fois vos droits et ceux de votre interlocuteur en tête et la transformation de vos pensées parasites en pensées plus adaptées, nous allons nous pencher sur la formulation du refus. Et pour nous éclairer sur le sujet, je vais principalement m’inspirer des « bases de l’affirmation » développées dans mon précédent article.

Comment dire « non » ?

1. Prenez le temps d’écouter la demande de votre interlocuteur.

2. Une fois sa demande verbalisée, reformulez-la afin d’être certain d’avoir bien compris. « Donc si j’ai bien compris, tu aimerais que… ».

3. N’hésitez pas à poser davantage de questions afin d’obtenir tous les renseignements qui vous seront utiles. « Qu’est-ce que tu entends par…? ».

4. Enfin, répondez à sa demande. Soit en lui demandant un délai de réflexion, soit en acceptant (seulement si vous en avez envie), soit en refusant. « Je suis désolé, j’ai besoin de prendre un temps de réflexion avant de te donner ma réponse », « Non, je suis désolé. Je ne peux pas accéder à ta demande ».

5. Si votre « non » est ferme et définitif, vous pouvez ensuite aider votre interlocuteur à trouver une solution. « Tu peux peut-être envisager de…? ».

6. Si votre refus peut s’assouplir avec des conditions, vous entrez en phase de négociation. « Oui MAIS, à la condition que… ». L’objectif étant de trouver le meilleur compromis qui convienne aux deux parties. GAGNANT / GAGNANT.

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EN PRATIQUE…

Pour terminer, place à la pratique ! Imaginons que votre ami Fred vous demande de garder son chien tout le week-end et que cela ne vous arrange pas, que lui répondriez-vous ?

Option 1, vous n’avez pas DU TOUT envie de garder Rex:

Vous pouvez utiliser l’affirmation de base qui consiste à exprimer un fait, une émotion ou vos droits sans justificationsEX: “Non, je suis désolé, je ne peux pas garder ton chien ce week-end ». Simple, direct, efficace. BOUM !

Vous pouvez également utiliser l’affirmation empathique en soulignant les droits, avis ou émotions de votre ami avant de développer votre refus. EX: “Je comprends que tu sois déçu, mais je ne peux malheureusement pas garder ton chien ce week-end”.

Si votre ami est compréhensif, votre travail d’affirmation s’arrête là. Vous pouvez ensuite l’aider à trouver une solution. Ex: « tu as pensé à demander à… ? ».

Option 2, vous n’avez pas DU TOUT envie de garder Rex et votre ami insiste:

Minute papillon, on ravale les insultes et on pense à formuler une affirmation progressive ! C’est-à-dire que vous allez maintenir votre refus tout en devenant de plus en plus ferme

EX: “Je suis vraiment désolé que tu sois bloqué pour ton week-end, mais je ne peux vraiment pas garder ton chien ». Si votre ami insiste, verbalisez vos ressentis négatifs “Ça me met mal à l’aise que tu insistes, je ne peux pas garder Rex ce week-end ». Enfin, s’il n’entend toujours pas votre refus, vous pouvez mettre fin à la conversation en disant “C’est la 3ème fois que je te dis que ce n’est pas possible et ma réponse est définitive”.

Si votre ami n’entend VRAIMENT pas votre droit de refuser sa demande, changez d’ami (j’dis ça, j’dis rien). Il a le droit d’insister légèrement, mais vous avez le droit de refuser. L’égalité des droits, tout ça, tout ça…

Option 3, vous hésitez. Une négociation est envisageable:

Face à la demande de votre ami, vous hésitez. D’un côté, vous adorez les chiens et le garder vous permettrait de faire une super balade samedi. D’un autre, vous avez prévu une grasse matinée bien méritée dimanche et la météo sera moins clémente que la veille. Du coup, un compromis peut s’envisager ! Évaluez ce que vous êtes prêt à accepter et vos limites.

EX: « Je suis désolé, mais je ne peux pas te répondre aussi vite, j’ai besoin de réfléchir parce que je suis partagé. D’un côté…, de l’autre… ». « Tout bien considéré, peut-être que je peux garder Rex, mais uniquement le samedi ». « Si Margot vient absolument le récupérer samedi à 22h, je veux finalement bien le garder jusque là ».

EN BREF

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