Très apprécié depuis quelques années pour traiter notamment les traumatismes, l’EMDR est une approche thérapeutique qui a le vent en poupe ! Loin de se focaliser uniquement sur le stress-post-traumatique, cette forme de thérapie brève a fait ses preuves et peut soulager bien d’autres difficultés psychiques. Il était donc impératif que ce blog l’aborde dans un billet afin de vous présenter cette méthode.
Étant une professionnelle en tout point exceptionnelle (#humour), je n’ai malheureusement pas encore été formée à l’EMDR. C’est pourquoi, aujourd’hui, c’est Cécilia GUILLOT qui va vous parler de sa pratique !
Cécilia est une psychologue « curieuse hyperactive » puisqu’elle a été formée en psychologie clinique (spé addicto), en psychologie du travail et en traumato avec l’EMDR. Après une vie professionnelle bien remplie et une recherche sur la dépendance au sport publiée, elle excerce depuis plus de deux ans en libéral. Cela ne sert à rien de chercher son site internet, elle est overbookée ! Mais elle est très active sur Instagram et son humour pétillant ne vous laissera pas indifférent.
L’EMDR, C’EST QUOI ?
L’histoire de l’EMDR :
L’acronyme signifie Eyes Movement Desensitization and Reprocessing et veut dire retraitement et désensibilisation par mouvements oculaires.
L’histoire raconte que Francine Shapiro, Ph.D., psychologue américaine a trouvé par hasard en 1987 un moyen très simple de stimuler un mécanisme neuropsychologique complexe présent en chacun de nous, qui permet de retraiter des vécus traumatiques non digérés à l’origine de divers symptômes (cauchemars, stress, etc), parfois très invalidants.
Shapiro fait cette découverte lors d’une promenade dans son jardin. Elle a en effet remarqué que lorsqu’elle avait des pensées perturbantes, ses yeux oscillaient de gauche à droite et que ça l’apaisait. Ce processus naturel intervient quand on dort et que les yeux commencent à bouger. Elle a alors appliqué ça en séance avec ses patients et a pu constater l’efficacité des mouvements oculaires.
Le concept :
Un évènement devient traumatique lors qu’il dépasse la capacité d’intégration de notre psychisme. A ce moment-là, le thalamus en charge de l’aiguillage des informations fait comme un « court-circuit » et l’évènement est stocké dans le système limbique de manière fragmenté (son, odeur, couleur, images). L’événement ne passe donc pas dans la mémoire à long terme, il n’est pas « digéré » (un peu comme un livre ouvert qui n’a pas été refermé et rangé dans la bibliothèque). Cela explique alors que même des années après, les personnes puissent encore être envahies par le trauma et ses répercussions (les symptômes) quand elles entendent un bruit/son/image/odeur que le système limbique identifie comme un danger déjà vécu. Les sursauts, les angoisses ou la peur par exemple résurgissent burtalement.
L’EMDR est connu pour le mouvement des yeux mais c’est en fait la stimulation bilatérale alternée qui permettrait de traiter l’information traumatique. Qu’elle soit faite avec les yeux, avec des sons, des tappings ou des vibrations dans les mains, la personne est dans une double attention (= un pied dans le passé et un pied dans le présent). Cela favoriserait d’autant mieux le retraitement. Le recodage induit par les stimulations bilatérales alternées permet de diminuer la charge émotionnelle associée à l’évènement et de le faire passer dans la mémoire à long terme. En clair, la personne se souviendra donc toujours de l’évènement mais n’aura plus les symptômes / les émotions associées.
On n’oublie jamais, on traite, range et digère l’événement !
C’EST POUR QUI ?
Le public :
L’EMDR, c’est pour tout le monde ! Il n’y a pas d’âge pour en faire. Néanmoins, le professionnel devra se former à deux reprises ! Une formation pour la prise en charge des enfants et une seconde pour la prise en charge des adultes.
Motifs de consultation:
Plusieurs raisons peuvent motiver une thérapie EMDR. Les problématiques sont donc variées:
- Dépression,
- Phobies,
- Manque de confiance,
- Troubles du sommeil,
- Angoisses,
- Trouble anxieux généralisé
- Trouble des comportements alimentaires
- Dyspareunie,
- Maltraitance physique / psychologique,
- Burn-out,
- Et bien sûr les accidents, agressions, décès, catastrophes naturelles, pour les militaires.
Le nombre de séances :
Il est impossible de savoir à l’avance combien de séances seront nécessaires.
Par exemple: Une personne qui vient en consultation pour des problèmes de communication au travail, qui a été élevée avec des parents qui n’autorisaient pas la parole où l’humiliaient aura besoin de plus de séance qu’une personne avec des attachements secures, une vie stable qui n’a des problèmes au travail que depuis quelques mois / années.
Plus il y a de vaisselle dans l’évier, plus c’est long à laver et ranger.
Comptez d’abord au moins 2 à 3 séances pour l’anamnèse (= recueil de l’histoire du patient : sa vie, les évènements marquants etc.), le plan de ciblage et la mise en place d’outils de stabilisation. La désensibilisation via l’EMDR ne commencera qu’à la 3e ou 4e séance dans le cas d’une personne stable, avec des ressources internes (perséverance, combativité, sérénité, discernement et toutes les autres qualités qui font de nous des êtres incroyables) et externes (amis, famille, travail, loisirs, animaux de compagnie, villa à Monterey, bicoque en Bretagne ou Mobil home au Marais Potevin, ça marche aussi).
La durée des séances :
Les séances durent entre 1h et 1h30.
Le prix :
Le coût varie selon les villes, les formations du thérapeute, son expérience, etc. A titre d’exemple, à Paris, les tarifs vont de 90 à 120 euros la séance.
Concernant le remboursement, certaines mutuelles, assurances ou entreprises peuvent prendre en charge les consultations. Tout dépend du motif de consultation. S’il s’agit d’un décès, d’un divorce, d’une maladie, certaines assurances participent. S’il s’agit en revanche d’un accident du travail, certaines entreprises offrent le suivi des employés.
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Les contre-indications de l’EMDR:
Globalement, il n’y a pas de contre-indication pour bénéficier d’EMDR. Cependant dans les cas très spécifiques comme l’accueil de patients psychotiques, de patients très fragilisés, de patients cérébro–lésés, de femmes enceintes, il y a des précautions à prendre.
Personnellement, je me mets toujours en lien avec les psychiatres dans ces cas là afin de préparer au mieux la thérapie et le patient. Une longue période de stabilisation sera parfois nécessaire et pour certains patient, la désensibilisation (le moment des stimulations bilatérales alternées) ne pourra commencer qu’après 6 mois de thérapie.
COMMENT FONCTIONNE L’EMDR ?
Le déroulement d’une séance:
Prenons l’exemple d’une séance « type » de désensibilisation. On part donc du principe que l’anamnèse (= l’histoire de vie) est déjà réalisée, que les outils de stabilisation sont appris et testés et que les cibles (= axes de travail) sont identifiées.
- Dans un premier temps, le patient s’installe et échange avec le thérapeute pendant environ 15/20 minutes de tout ce qui s’est passé depuis la dernière séance.
- Ensemble, ils identifient les objectifs de la séance du jour. Le contenu des séances est donc assez flexible et adaptatif, il n’y a aucune contrainte. Le patient est libre de dire non, de prioriser différemment ses problématiques. Mais bien évidement, si le thérapeute constate que le patient évite depuis plusieurs séances de travailler sur l’un des objectifs identifiés, il peut le questionner. Seront alors abordés le sentiment de sécurité, la confiance qu’à le patient dans son thérapeute, ce que viennent souligner et dire ses blocages, s’il faut changer de protocole pour en utiliser un plus doux, etc.
- Arrive ensuite la séance de désensibilisation. Le patient va donc dans un premier temps se reconnecter à son souvenir douloureux. Le souvenir en lui-même ne sera pas « revécu » en tant que tel puisque la personne a un pied dans le présent et est dans un espace sécure. Et dans un second temps, le psy accompagne avec sa voix le patient dans son souvenir (« regardez les images passer comme si vous regardiez un paysage dans un train, souvenez-vous que ce que vous voyez est le passé mais qu’aujourd’hui vous êtes ici en sécurité avec moi »). A tout moment, le patient peut utiliser un signal pour stopper le processus ! Et le thérapeute s’assure que le patient ne se dissocie pas durant l’exposition, qu’il l’entend ou qu’il sent les tappings / vibrations.
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VERS QUEL PRO SE TOURNER ?
La formation:
Pour pouvoir se former à L’EMDR dans des centres de formations reconnus, il faut au préalable être diplômé de médecine ou de psychologie. Donc les thérapeutes EMDR sont de base soit médecins, soit psychologues qui sont deux titres protégés par la loi.
Ils peuvent ensuite se former dans les deux instituts reconnus: l’IFEMDR et EFPE (dans le privé). Ou recevoir les enseignements de l’université de Metz (dans le public).
Actuellement, beaucoup de « thérapeutes » (titre non protégé) proposent des thérapies EMDR après seulement quelques heures de formation en e-learning. Pour pouvoir être accompagné dans ses problématiques en toute sécurité, il est donc important de se renseigner sur les formations du professionnel EMDR que vous souhaitez rencontrer !
L’annuaire:
Pour rencontrer un thérapeute EMDR accrédité, vous pouvez vous rendre sur le site de EMDR-France ou celui de l’IFEMDR et de EFPE.
Les qualités du professionnel:
Les qualités essentielles du thérapeute EMDR sont l’écoute, la bienveillance, la patience et l’humilité.
Un bon professionnel sait aussi reconnaitre ses limites et peut se donner le droit de réorienter ses patients vers un confrère/consoeur si nécessaire. Car même si on est super bien formé, on n’est pas bon psychologue pour tout le monde !
Hey ! Je suis aussi sur Instagram
Vous savez, ce réseau envahi par le dropshipping et où des influenceurs/euses partagent leurs corps photoshopés avec le hashtag #bodypositive
Et ben il s’y passe aussi des trucs cools. Et comme je suis une une bloggeuse cool, j’ai un compte Instagram 😎
Vous n’y verrez pas mes fesses potelée sur une plage aux Maldives, mais des conseils, décryptages de l’actu psycho, infos pratiques, coups de gueule… (et, j’avoue, peut-être mon chat une fois de temps en temps 😏 )
Alors, n’hésitez pas à y faire un tour et à vous abonner si le cœur vous en dit !
pour aller plus loin,
https://www.afis.org/L-EMDR-ca-marche-meme-si-on-ne-bouge-pas-les-yeux
Article de vulgarisation qui cite plusieurs sources(scientifique) en bas de page
voyons wikipédia, je cite:
L’efficacité de cette thérapie est sujette à caution. Elle manquerait de fondement scientifique et pourrait faire l’objet de dérives sectaires.
…
Richard McNally (en), psychologue et professeur à Harvard, estime pour sa part que les mouvements oculaires n’ont aucun effet spécifique, et que la thérapie ne doit rien à ces mouvements, ce qu’il résume par la phrase : « Ce qui est efficace dans l’EMDR n’est pas nouveau, et ce qui est nouveau n’est pas efficace. »37.
Le neurologue Steven Novella indique qu’à moins d’utiliser des groupes de contrôle lors des interventions en EMDR, il est impossible de savoir si la théorie neurologique la soutenant a quelques valeurs que ce soit. Il estime que les explications neurologiques actuelles sont artificielles et non convaincantes. Il ajoute que jusqu’à présent la recherche clinique a été incapable d’exclure les effets placébo comme causes38.
une pseudoscience de plus a exclure ABE
primum non nocere qui disait l’autre
Bonjour Clovis,
Je ne sais pas de quand datent vos informations car effectivement depuis longtemps on ne parle plus des yeux mais de stimulations bilatérales alternées couplée à la double attention. Ce qui nous permet d’ailleurs maintenant de travailler en visio en ayant autant de résultats qu’en présentiel.
Alors oui ça marche sans bouger les yeux car le processus sous jacent n’a pas pour seule activation les yeux 🙂
Quant à l’efficacité, elle n’est plus à prouver. Tant mieux pour nos milliers de patients qui ont enfin une vie apaisée 😁
Très bonne analyse, l’EMDR permet d’atteindre rapidement d’excellents résultats et notamment d’estomper des douleurs ancrées, il faut trouver bien sûr le professionnel qui aura la qualité pour vous mettre en confiance.