Fatigué, irrité, émotif, nauséeux, mou, envie de rien… Nous connaissons tous des « jours sans » ou encore des « coups de blues ». Face à ce constat, rien d’alarmant. Mais il arrive parfois que cet état persiste dans la durée et c’est là que cela devient problématique. Alors, quand parle-t-on de dépression et quand doit-on s’inquiéter ?

DÉPRIME OU DÉPRESSION ?

Tombé dans le langage courant, le terme de « dépression » aujourd’hui est fréquemment utilisé à tort pour expliquer un petit moral. Bidule n’a pas envie de sortir au ciné ? Outch, il doit être dépressif ! Depuis son arrivé à l’internat il y a trois jours, Machin pleure. C’est surement le début d’une dépression… Ou pas !

La déprime:

déprime

Se caractérise par un état passager. Il est absolument normal de ressentir plusieurs fois dans sa vie un manque de motivation, une humeur triste, de la colère, de faire des insomnies, d’avoir des envie de fringales , l’envie de baisser les bras, une fatigue profonde, etc… Du moment que cet état ne s’installe pas dans le temps, tout va bien ! C’est une p’tite déprime. C’est le moment parfait pour sortir son pyjama grenouillère bob l’éponge et de se caler devant Netflix. Ordonnance de chocolat chaud fortement conseillée !

La dépression:

Se caractérise quant à elle par la durabilité de ce genre de symptômes, ce qui génère une souffrance importante et une invalidité au quotidien. C’est lorsque que cet état dépressif persiste plusieurs semaines qu’il faut s’alerter. Netflix et le chocolat n’auront aucun effet « réconfort » avec la dépression.

La dépression est une maladie qui peut toucher absolument tout le monde, qu’importe l’âge, le sexe ou la classe sociale. Il ne s’agit pas d’un manque de volonté ou d’une marque de faiblesse. Il s’agit d’une pathologie psychique répandue qui se soigne via une prise en charge et l’accompagnement par des professionnels.

Selon plusieurs études, 19% des Français ont vécu ou vivront un épisode dépressif au cours de leur vie.

LES SYMPTÔMES DE LA DÉPRESSION

Il existe 9 caractéristiques qui définissent une dépression :

1. Perturbation de l’alimentation. Il peut s’agir d’une perte d’appétit ou de son augmentation, ce qui génère une perte ou une prise de poids significative. La personne souffrant de dépression peut se sentir écœurée ou au contraire avoir envie de se « remplir ».

2. Perturbation du sommeil. Il peut s’agir ici aussi d’insomnie (ou réveils fréquents voire précoces) ou d’hypersomnie. Cependant, même en dormant plus que d’habitude, le malade se réveille intensément fatigué. Le sommeil n’est donc pas réparateur mais au contraire, un indice de fuite de la réalité, un refuge.

3. Agitation ou ralentissement psychomoteur. Les gestes sont plus lents, la parole est trainante, les tâches du quotidien prennent beaucoup plus de temps que d’habitude. A contrario, il peut s’agir d’une agitation, du débit de parole plus rapide…

4. Fatigue et perte d’énergie tous les jours qu’aucun repos ne pourra atténuer.

5. Sur le plan cognitif, la personne dépressive ressent une difficulté à réfléchir, se concentrer, à se souvenir. Travailler ou maintenir une conversation peut alors sembler impossible et nécessite un effort considérable.

6. Perte d’intérêt pour des activités (sexualité, famille, sorties, amis, loisirs, passions,…) qui apportaient du plaisir auparavant. Cela peut conduire à un isolement social et un repli sur soi. La vie devient fade et terne. Les petits plaisirs de la vie ont disparu.

7. Humeur dépressive quasiment toute la journée et qui persiste au fils du temps: désespoir, tristesse profonde, sentiment de vide interne, irritabilité, sentiment d’être anesthésié (de ne plus rien ressentir) etc…

8. Culpabilité injustifiée et dévalorisation constante. La personne souffrant de dépression se sent responsable de son état, se trouve « bon à rien ». On remarque donc une perte de l’estime de soi, de la confiance en soi, un sentiment d’inutilité, …

9. Idées noires: rumination, pensées négatives, idée suicidaire et passage à l’acte auto-agressif. Le suicide est perçu comme la seule solution pour soulager l’entourage et sa souffrance. Elles disparaissent une fois la dépression soignée.


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dépression

Ces symptômes pris isolement ne témoignent pas d’une dépression, il faut en regrouper au minimum cinq signes pour l’envisager ! Il est également nécessaire que cet état dure plus de deux semaines pour qu’un médecin valide ce diagnostic.

Un épisode dépressif peut perdurer pendant plusieurs semaines, mois ou années mais dure en général environ 6 mois s’il est pris en charge rapidement. A terme, la maladie peut totalement se soigner et les symptômes peuvent complètement disparaître. Cependant, le risque de rechute est fréquent (même plusieurs années après), d’où l’importance d’une prise en charge précoce afin de limiter ce facteur de risque !

LES ORIGINES DE LA DEPRESSION

Il est à ce jour assez difficile d’expliquer clairement d’où provient la dépression. Vient-elle d’une perturbation du fonctionnement cérébral, de notre fonctionnement psychique (nos pensées, nos croyances, nos mécanismes de défense) ou réactionnelle à un événement ? Tout ceci reste encore très complexe.

D’après de récentes études, il semblerait que le chromosome 17 ainsi que le gène 5-HTT qui agissent en tant que porteurs de sérotonine, soient responsables de nos troubles de l’humeur. Mais en partie seulement ! L’environnement, les facteurs de stress et notre hygiène de vie sont tout aussi importants.

tristesse

Nous pouvons en revanche constater que certains événements de la vie peuvent nous mettre à mal et favoriser l’apparition d’une dépression. Par exemple: un traumatisme, la perte d’un emploi, la perte d’un être cher, un changement de vie, une séparation, un deuil, un harcèlement, un déménagement, la maladie, etc… Tout ceci demande de l’adaptabilité pour y faire face et continuer à avancer. Lorsque cela est impossible et que l’on reste « bloqué » (trouble de l’adaptation), une dépression peut survenir.

Nous pouvons également constater que notre histoire personnelle et la manière dont nous nous sommes construit identitairement peut jouer dans l’apparition d’une dépression. Ainsi, selon la qualité de relation qu’on a tissé avec nos parents, nos premières expériences nous allons nous construire avec des pensées plus ou moins négatives, des croyances plus ou moins limitantes, une estime plus ou moins fragile. Notre façon de réfléchir sur nous-même (« je suis nul, j’en suis incapable, personne ne peut m’aimer ») peut être un terrain propice pour la dépression.

Ce que nous pouvons remarquer en revanche, c’est qu’il existe des facteurs pouvant nous protéger d’une possible dépression ou du moins aider à sa guerison. Par exemple, si nous sommes entourés de proches bienveillants, à l’écoute, présents, ou si nous nous investissons dans diverses activités, cela peut nous renforcer !

FACE A LA MALADIE, QUE FAIRE ?

Ce qu’on peut soi-même faire:

Il est important de ne pas minimiser sa souffrance et d’exprimer son mal-être auprès de ses proches de confiance. La dépression est une maladie dont vous n’êtes pas responsable et dont il est bien difficile de s’en sortir tout seul ! Mais n’oubliez jamais que des solutions existent. Accepter et reconnaître qu’on ne va pas bien est donc essentiel. C’est le premier pas vers la guérison.

La culpabilité et la honte peuvent freiner votre verbalisation et votre demande d’aide alors retenez bien que même les psys peuvent faire des dépressions ! La dépression est une maladie qui peut toucher tout le monde.

Le rôle de l’entourage:

D’un point de vue extérieur, la dépression est une maladie qu’on peut avoir du mal à comprendre puisque le corps n’est pas directement touché. Il ne s’agit pas d’une grippe ou d’une amputation mais bien d’une maladie psychique invalidante au quotidien. La bienveillance de l’entourage ainsi que son écoute non jugeante fera beaucoup de bien à la personne souffrante et limitera autant que possible son sentiment de culpabilité et de honte.

On se passera donc des « si j’étais toi, je ferais ça », « allez, bouge toi, demain ça ira mieux! », « c’est dans ta tête » ou encore « il y a des gens qui ont pire dans la vie ! ». On ne demande pas à quelqu’un qui n’a plus sa jambe de faire un trail sans prothèse… Vous pouvez donc le rassurer en lui disant que cette maladie touche beaucoup de monde, que ce n’est pas un signe de faiblesse et qu’il n’est pas seul. Mais surtout, soyez présent et écoutez-le.

soutien de l'entourage

Si votre proche banalise son mal-être et le minimise, vous pouvez également partager vos inquiétudes concernant la souffrance dont vous êtes témoin, verbaliser le fait qu’elle persiste et que c’est pas anodin. Échanger autour des symptômes peut favoriser une prise de conscience et un rendez-vous auprès d’un professionnel. Se mettre dans l’action peut être difficile pour les personnes souffrant de dépression, il est alors parfois nécessaire de les épauler dans ce premier contact avec un médecin et de l’accompagner (sans être trop étouffant et intrusif).


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Vous pouvez également proposer votre aide pour quelques tâches à réaliser (sans tout faire pour autant), soumettre l’idée d’aller se promener pour s’aérer et se sociabiliser,… Toutes ces petites choses lui montera qu’il n’est pas seul dans cette période difficile et qu’il peut compter sur vous. Ne soyez pas trop insistant non plus et écoutez son rythme. Ne vous attendez pas à ce qu’il prenne du plaisir sur le moment.

En tant que proche, il est nécessaire d’accepter et de connaitre la maladie dont souffre la personne aimée pour mieux la soutenir. Accepter aussi qu’on ne pourra l’aider à avancer si elle le refuse mais qu’on peut lui apporter du soutien. Donc même si vous ne pouvez pas agir comme un médecin ou un thérapeute, vous êtes néanmoins être présent ! Et c’est pas négligeable. Ne vous oubliez pas non plus et prenez du temps pour vous !

Le rôle des professionnels

Une fois les difficultés repérées, il est primordial de se rendre chez son médecin généraliste. Souvent sollicité en premier lieu, le médecin traitant pourra vous examiner, éliminer les pistes physiologiques via des bilans (les carences, thyroïde, hormones…) et proposer un premier diagnostic de dépression.

Le médecin pourra alors vous proposer un traitement médicamenteux (antidépresseurs) selon l’intensité de la maladie et/ou vous conseiller d’entamer en parallèle une psychothérapie auprès d’un psychiatre ou d’un psychologue.

La psychothérapie peut agir directement sur la maladie en limitant les symptômes et leurs conséquences sur la vie du patient, de renforcer ses ressources internes et sa capacité à surmonter cette épreuve, de donner du sens à l’apparition de la dépression.


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Ainsi, si vous ou un proche souffrez de dépression, ne baissez pas les bras ! Des solutions existent et des professionnels formés sont présents pour vous accompagner. L’épisode dépressif doit être temporaire et pour cela, il vaut mieux agir le plus rapidement possible !


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